C’est bien connu qu’Abraham Maslow a étudié les facteurs de motivation chez l’être humain et les a classés suivant une hiérarchie en cinq familles en fonction des besoins qui se manifestent chez l’individu. Il y a ainsi la motivation à rencontrer ses besoins de survie physiologiques, ses besoins de sécurité, ses besoins d’appartenance, ses besoins d’estime de soi et ses besoins de réalisation de soi qu’il qualifie pour cette dernière famille de besoins de croissance à l’opposé des autres besoins dits de carence. Contrairement aux besoins de carence qui s’éteignent une fois satisfaits, les besoins de croissance de l’individu à la recherche de sa réalisation ne sont jamais assouvis. A.Maslow précise qu’un individu va naturellement évoluer vers la satisfaction de ses besoins de croissance une fois ses besoins de carence rencontrés même si ses peurs peuvent l’amener à régresser à certains moments. Pour Maslow, la façon de connaître mais aussi la façon d’aimer des individus auto-actualisés qui rencontrent leurs besoins de réalisation de soi est différente de celle observées chez des individus restés bloqués aux stades des besoins de carence par une maîtrise insuffisante de leurs peurs et croyances justement de ne pas pouvoir rencontrer ces besoins de base.
Mais ce qui est moins connu est le fait que vers la fin de sa vie Abraham Maslow a mis en doute le fait que les besoins d’actualisation de soi représentaient la dernière famille des facteurs de motivation chez l’individu. Dans son livre « Towards a psychology of being « , A.Maslow décrit déjà un stade de développement de transcendance de soi où l’individu peut devenir « sans égo » insistant sur le fait que la réalisation de soi est avant tout égotique et qu’elle ne serait qu’un rite de passage sur le chemin de la transcendance où l’égo se dissoudrait. Mais c’est fin 1967, dans sa conférence intitulée « The farther reaches of human nature » qu’A.Maslow introduit publiquement cette sixième famille de facteurs de motivation à savoir ceux relatifs à la transcendance de soi, allant même jusqu’à évoquer la naissance d’une quatrième psychologie dite trans-personnelle. Selon A.Maslow, les individus qui satisfont leurs besoins de transcendance de soi s’identifient avec quelque chose de plus grand qu’eux et s’engagent au service des autres pour le bien des autres (« the good of other people »). Ces individus sont conduits par une force ou cause considérée comme en dehors d’eux-mêmes transcendant de la sorte les limites géographiques de leur propre personne.
L’individu accompli est celui qui adresse ses besoins dits spirituels qui relèvent de cette dernière dimension trans-personnelle.